l’AFP qui affirme que Etienne Apaire, nouveau président de la MILDT, sera «
notamment chargé de mettre en œuvre la répression accrue prévue par la loi Sarkozy
de mars 2007 », indique que cet ancien conseiller de Nicolas Sarkozy au ministère de
l’Intérieur a jugé « inquiétante » la consommation de drogues en France «
caractérisée par un usage élevé de cannabis, une forte consommation de cocaïne et de
drogues synthétiques » mais aussi « un retour annoncé de l’héroïne ». Etienne Apaire
estime « cette situation a peut - être amené le Président de la République à me
nommer en pensant qu’il fallait accélérer la mise en place d’un certain nombre de
dispositifs ». Rappelant que ce magistrat, était depuis avril, chef adjoint de la
direction des affaires criminelles et des grâces au ministère de la justice,
l’agence souligne qu’il veut appliquer la « méthodologie éclair » de Nicolas
Sarkozy, sachant que pour lui « tout doit aller vite » avec une évaluation du plan
anti drogue actuel fin 2007 et l’adoption d’un nouveau plan « à la fin du premier
semestre » 2008, pour être en phase avec les calendriers européens. Le Dr Didier
Jayle, ancien président de la MILDT, spécialiste en immunologie, « qui va désormais
se consacrer à l’enseignement » assure pour sa part « j’aurais souhaité rester
jusqu’à la fin du plan que j’ai mis en place en 2003 ». Etienne Apaire affirme que
l’un de ses « principaux objectifs sera de mettre en oeuvre la loi du 5 mars 2007 »
dite de « prévention de la délinquance », laquelle « prévoit des peines plus sévères
pour les infractions à l’égard des mineurs ou dans les écoles », ainsi que « pour
consommation dans l’exercice de ses fonctions d’un dépositaire de l’ordre public ou
agent de transport » et « pour violences commises sous l’emprise de stupéfiants ou
d’alcool », mais aussi « une peine complémentaire de stage obligatoire de
sensibilisation » et « la possibilité d’ordonner des injonctions thérapeutiques ».
Selon le président de la MILDT, « l’idée du Président de la République c’est qu’il y
a un certain nombre de substances illicites qui doivent être combattues mais aussi
d’autres comme l’alcool qui conduisent à des modifications de comportements
susceptibles de causer des troubles à l’ordre public ». Suivent les réactions
d’’Alain Morel, responsable de la Fédération française d’addictologie (FFA), et de
Jean Pierre Couteron, président de l’Association nationale des intervenants en
toxicomanie (ANIT). Pour le premier, il s’agit « d’une conception erronée selon
laquelle la répression va faire rentrer les usagers dans le droit chemin » laquelle
« ne fonctionne pas depuis 37 ans » et pour le second « ce sera une catastrophe, si
l’on se limite à médicaliser d’un côté et à sanctionner de l’autre en oubliant le
travail intermédiaire d’éducation ». Rappelant qu’Act up avait pour sa part exprimé
« sa plus vive inquiétude » quant à la poursuite du programme de réduction des
risques, l’agence fait état de cette réponse du président de la MILDT « la
conception du gouvernement est relativement simple, il faut réduire les risques les
plus importants, ceux des infections, mais il ne s’agit pas d’encourager des usages
qui seraient illégaux », l’objectif étant de « développer de manière très intense le
triptyque prévention, soins et répression ».
En encadré, l’AFP qui dresse un bilan des actions de La MILDT depuis 2002, note que
Didier Jayle, nommé en octobre 2002 et remplacé fin août, a notamment axé son action
sur les dangers du cannabis, avec la mise en place de 300 consultations gratuites et
anonymes et de campagnes de prévention routière. D’après l’agence, des communautés
thérapeutiques ont été ouvertes et la réduction des risques a été inscrite dans la
loi, « suscitant de vives attaques de députés UMP ». Didier Jayle se félicite par
ailleurs d’un « beau travail régional » sur le crack, un problème « pas complètement
réglé mais apaisé ». Relevant que la MILDT a également pris une part active dans la
lutte contre le tabagisme, l’agence fait état d’un « échec essentiel » que regrette
Didier Jayle « on a buté sur la réforme de la loi de 1970 » dit-il « je voulais des
amendes de bas niveau et comme il n’y a pas eu de consensus, le Premier ministre
(...) a décidé de surseoir ». L’agence souligne par ailleurs que les déclarations de
Didier Jayle, favorables au classement du Subutex comme stupéfiant, « ont déclenché
les foudres des associations sida et provoqué un recul du gouvernement sur ce point
». D’après l’agence, Etienne Apaire qui lui succède veut pour sa part faire
appliquer la loi du 5 mars 2007, sachant que pour lui il n’est pas question de
revenir sur ce qui a été fait en matière de substitution, mais « qu’il ne faut pas
confondre réduction des risques et accompagnement de l’usage d’un produit illégal ».
Rapportant qu’ il souhaite également « mutualiser les moyens » notamment au niveau
européen pour la recherche et la lutte contre le trafic, l’AFP relève qu’il a par
ailleurs proposé au gouvernement « de disposer de lois permettant plus facilement de
confisquer l’argent des trafiquants et de diriger ces avoirs criminels vers la lutte
contre la drogue et la toxicomanie car le dispositif existant est trop compliqué ».